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c’est le 15 ou le 16 que l’on prit la cocarde verte. D’abord que je la vis aux autres je la pris aussi. Mais quand on s’aperçut que c’était la couleur du comte d’Artois, on la laissa pour prendre la cocarde aux trois couleurs nationales, que je pris aussi.

On convoqua les districts, on chercha les armes aux Invalides et dans tous les magasins et tous les citoyens s’armèrent; on assiegea la Bastille.

J’étais au Palais Royal quand on vint apporter la nouvelle, qu’elle était emportée, le public fit éclater un grand contentement, beaucoup pleuraint de joie en criant qu’il n’y avait plus de Bastille ni de lettre de cachet.

Le roi vint à Paris, je ne me souviens point quel jour, j’allais au devant de lui, dans les rangs, je tenais lieu d’un soldat, j’étais en amazone blanche, chapeau rond, je n’ai parlé à personne. En même temps que je voyais plus comodement dans les rangs, j’étais bien aise de jouer le rôle d’un homme, car j’étais toujours extremement humiliée de la servitude et des préjugés, sous lesquels l’orgueil des hommes tiennent notre sexe oprimée.

J’allais tous les jours me promener au Palais Royal, mais je ne disais rien parce que je n’aurais su quoi dire, j’y voyais arriver à tout moment des canons, des sacs de farine, des gardes françaises que le peuple avait delivré des provisions, des soldats de lignes du camp qui était auprès de Paris, des compagnies de citoyens, tous venaient en triomphe se declarer pour la nation, ce qui me frappait le plus, s’était un air de bienveillance générale; l’égoïsme semblait être bannit, tout le monde se portait indistinctement. Les riches dans ce moment de fermentation se melaient parmis les pauvres et ne dédaignaient plus de leurs parler comme à leurs égaux, enfin toutes les physionomies me parurent changée, chacun osait developper son caractère et ses facultés naturelles. J’en ai vu beaucoup, qui quoique en haïllons avaient un air héroïque.